31. Le billet d’Hélène : une plume souple

Ecrivain public, écrivain biographe, écrivain fantôme ou nègre littéraire, je me dois d’avoir la plume souple, qui s’adapte à tous les genres, tous les clients et toutes les circonstances.

Mon « Billet d’Hélène » prend aujourd’hui la forme d’une fable fantaisiste pour vous distraire. Je me suis amusée à imaginer cette parodie de la fable de Jean de La Fontaine, « Le chat, la belette et le petit lapin »; j’espère que vous prendrez plaisir à la lire… Voici donc :

Le mac, la benête et le petit tapin
Du garni d’un jeune tapin
Dame Benête, dans le besoin,
S’empara : la porte était ouverte,
La chambrette déserte,
Pas le moindre habitant!
N’était-ce pas tentant
Pour cette écervelée que de jouer l’intruse
Et de passer la nuit dans cette humble cambuse ?
Notre jeune tapin était lors au turbin,
Sur les trottoirs du coin donnant du popotin,
Exhibant au manant une cuisse légère,
Promettant qu’elle avait la cuisse hospitalière…
La voilà qui revient, sur le petit matin,
Ayant bien tapiné et vendu tous ses charmes…
Trouvant à son logis passager clandestin
Qui occupe son lit, elle fait du vacarme :
« O là ! Dame Benête,
Que l’on déloge sans trompette
Ou je vais alerter tous les gars du quartier :
Ils vous expulseront sans la moindre pitié ! »
Arrive justement un curieux personnage,
Aux cheveux gominés sur tête de voyou,
Arborant sur le bras vulgaire tatouage :
Vous l’avez deviné, c’est un affreux marlou.
« Vos gueules, les greluches !
Etant assurément de nous trois le plus fort,
Je m’en vais sans délai régler ce désaccord.
Va donc sur le trottoir, dit-il à la nunuche,
C’est l’heure de bosser : j’encaisserai les ronds,
Si tu n’es pas réglo, tu prendras des marrons ! »
Puis au pauvre tapin il flanque une taloche,
S’empare des billets qu’il enfouit dans sa poche.
Ainsi le maquereau mit les filles d’accord,
Tirant de toutes deux un fort joli rapport.

De ce triste récit nous touchons l’appendice,
Que c’est une utopie de croire à la justice !

A très bientôt !

H.B.

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